mardi 1 novembre 2016

Le quartier de La Croze à Belley

Crose du latin crosus creux.

Ce quartier situé autour du tronçon Est de l’avenue Charles de Gaulle est bien un creux, c’est le déversoir de la cuvette que constitue le bassin de Belley entouré de ses collines : Melon, Château-Larron, Léchaud etc.


Plan de 1757 sur lequel figurent le corps de bâtiment dit de La Tour (A) ainsi que le moulin du sieur Novel et sa retenue d’eau (B) aujourd’hui au niveau de la friche de l’ancienne tannerie du Bugey.


La tour Ranquin encastrée dans le bâtiment dit de la Tour déjà cité.

Au XVIIe siècle l’évêque-écrivain de Belley Jean-Pierre Camus y réunissait son ami François de Sales, évêque de Genève, le marquis du Valromey Honoré d’Urfé, célèbre auteur de L’Astrée, Antoine Favre, Président du sénat de Savoie et père du très connu grammairien Claude de Vaugelas.

Cette annonce dans le courrier montre que l’eau de La Croze avait attiré des tanneurs, entre autres Bornex associé à Bonardel, qui, dès 1899, firent du « sans coutures », brevet encore exploité de nos jours à Belley par la société Le Tanneur.

Ci-dessus les usines et les bureaux du Tanneur.
A gauche l’emplacement du nouveau collège et au fond, Sonod et le bâtiment de La Tour.

Février 1959 passage à niveau de La Croze.



Le même en septembre 2016.

Jean-Claude Vallet

dimanche 30 octobre 2016

Exposition sur la 1e guerre mondiale à Belley

Dans le cadre de la commémoration de la Première Guerre Mondiale, la Ville de Belley organise, en collaboration avec l'association ABIS et la société savante du Bugey, une exposition intitulée "Courriers des tranchées aux familles bugistes".

Exposition à la salle des fêtes de Belley, du 2 au 13 novembre 2016
Du lundi au vendredi de 10h à 12h et de 15h à 19h
Le samedi, dimanche et 11 novembre de 10h à 13h et de 15h à 18h
Entrée gratuite

Contact : service culture - Ville de Belley : 04 79 42 23 35
www.belley.fr

dimanche 4 septembre 2016

La congrégation des Dames Bernardines de Belley





Extrait de baptême de Pierrette Marie de Luyset

L’histoire des Bernardines réformées de la rue des Barons à Belley commence avec la naissance, le 25 janvier 1762, de Pierrette Marie Josephette, fille de André de Luyset, seigneur de la maison-forte de Lompnaz et de Marie de la Forest dont le berceau de la famille se trouve au pied de la Dent du Chat.
L’hôtel particulier des Luyset, Grande Rue, lieu de naissance de Pierrette Marie, a été démoli en 1838 lors du percement de la rue du Palais.



Le couvent des Ursulines en arrière plan le coteau de Melon
Pierrette Marie fait ses études chez les Ursulines, rue Saint-Martin, auprès de sa tante, puis au couvent de l’Enfant-Jésus à Lyon.
En raison, semble-t-il, d’une disgrâce physique, sa famille l’incite à embrasser la vie religieuse.
Elle choisit de prononcer ses vœux chez les Bernardines de Seyssel.
En 1793 les révolutionnaires l’obligent à rentrer à Belley où elle vint en aide aux prêtres réfractaires et ouvre sa maison pour la célébration d’offices clandestins.
La vie reprenant un cours plus calme, elle s’occupe de l’éducation des jeunes filles.



Plan cadastral de 1835
Sur ses fonds propres, elle achète la propriété du lieutenant général Balme de Sainte-Julie et s’y installe avec quelques ex-religieuses et leurs élèves-pensionnaires.
La propriété comprenait un bâtiment à usage de chapelle, des constructions utilisées par les services de la communauté et du pensionnat, ainsi qu’à l’angle des rues des Barons et Saint-Jean, une maison occupée par l’aumônier où, en 1811, elle accueille des prélats romains emprisonnés à Pierre-Châtel par Napoléon.



Ne subsiste de nos jours que la portion gauche du bâtiment le parking proche de la sous-préfecture occupe la place de la construction démolie dans les années 1960.
En 1821 les autorités ecclésiastiques donnent leur agrément en vue d’installer une congrégation suivant la règle de saint Bernard dans le monastère de l’Immaculée Conception de Belley, agrément entériné par l’ordonnance du roi Louis-Philippe du 13 février 1843.
En 1833 se déroule la première élection et la Mère de Luyset devient la première supérieure des Bernardines de Belley et est réélue quasiment jusqu’à la fin de sa vie.
En un siècle, quelques 130 religieuses (originaires pour la plupart du Bugey, Petit-Bugey et du Nord-Dauphiné) ont appartenu à la congrégation.



A côté du monastère un pensionnat pour jeunes filles dispense, pour quelques 40 élèves, un enseignement qui attire « les demoiselles des meilleures familles du Bugey ».



Au fond, le cloître qui donne accès à la chapelle (gauche de la photo) construite à partir de 1821.
Celle-ci est partiellement ouverte aux fidèles séparés par une grille et hors la vue des moniales (observance de la règle de la clôture).
Au premier plan à gauche, le logement des religieuses édifié en 1890/1891, aujourd’hui occupé par les services de la sous-préfecture.
En 1905 la séparation des Eglises et de l’Etat chasse les sœurs. Ne restent que 12 d’entre elles âgées ou infirmes et quatre sœurs pour s’en occuper.
Les héritiers de la Mère de Luyset, au terme d’un long procès, obtiennent la nue propriété des lieux tandis que les revenus sont affectés à l’entretien des religieuses jusqu'à l’extinction du bâtiment.



Pendant la guerre de 14/18 les locaux sont occupés par les blessés.
Les religieuses se feront infirmières et seront médaillées pour leur dévouement.



Par décret de Rome en date du 12 novembre 1947, la congrégation est dissoute et les dernières religieuses se retirent au monastère Notre Dame de la Paix dans les Alpes-Maritimes.

Le dossier complet qui a nécessité plusieurs années de recherches est consultable par tous à la bibliothèque d’ABIS.
Dossier réalisé essentiellement à partir des archives du diocèse de Belley, de celles du dernier monastère des Bernardines réformées dans le Valais suisse ainsi que des collections de Paul Brunet et Jean de Seyssel dont je salue la mémoire.

dimanche 3 juillet 2016

Meurtres sur la route d'Andert : l'affaire Peytel


Le pont d'Andert aujourd'hui


Le 1er novembre 1838, dans la nuit sur la route de Rossillon à Belley, dans un phaéton le notaire Peytel et sa femme Félicie, précédés de leur domestique Louis Rey, conduisant un chariot transportant les bagages, revenaient d’un voyage à Mâcon.
Peu après le pont d’Andert, sont retrouvés Félicie, mortellement blessée et à 658 mètres, montée de la Darde, le corps du domestique, dira l’enquête.




Peytel accompagnés des Thermet père et fils (auprès de qui Peytel a sollicité de l’aide car ils habitent à proximité du pont) arrivent à Belley.

L’historienne Magdeleine Houssay, descendante de Gaspard Martel, a bien voulu confier à ABIS une copie de ses travaux, non encore publiés, réalisés à partir de ses archives familiales qui concernent les familles Jordan, Tendret, Récamier etc.




Avant son procès, Peytel est emprisonné dans une des cellules de l’hôtel du baillage (cour intérieure de l’actuel siège de l’office de tourisme) car si, à l’époque, le nouveau palais de justice boulevard du Mail est opérationnel, la nouvelle prison n’est pas achevée.




Condamnation de Peytel le 30 août 1839, il se pourvoit en cassation, recours rejeté le mercredi 23 octobre.


Peytel jeune homme. (Dessin de Sulpice-Guillaume Chevalier dit Gavarni)

Le dessinateur Gavarni, ami de l’accusé, arriva à Bourg-en-Bresse « en poste » de Paris, dans les heures qui suivirent l’arrêt de la cour. Rejoint huit jours après par Balzac avec lequel il fit le voyage au pont d’Andert dans le but de rédiger un mémoire dans l’intérêt du condamné.


Patricia Baudoin, « Justice, presse et politique »Revue d’histoire du XXe siècle
Malgré les efforts des Gavarni, Balzac etc. Peytel sera guillotiné le 23 octobre place du Champ de Foire (aujourd’hui Champ de Mars) à Bourg-en-Bresse.


Honoré de Balzac tira un roman inspiré de l’affaire Peytel, "Une ténébreuse affaire", publié dans le journal Le Commerce, puis sous forme de livre en 1843.
La couverture ci-dessus est une réédition de 1944 aux Editions du Dauphin.



L’affaire Peytel, Perrod, 1958, Hachette
Le bâtonnier et homme de lettres lyonnais Pierre Antoine Perrod décortique en 608 pages le drame qui secoua Belley au début du XIXe siècle. Travail de professionnel qui montre les faiblesses de l’enquête et laisse planer un doute sur le déroulement de ces meurtres.

Les documents et ouvrages cités dans cet article sont consultables à Belley bibliothèque d’ABIS.

Voir : http://bugey-historique.blogspot.fr/2013/02/laffaire-peytel-ou-la-tuerie-du-pont.html

Jean-Claude Vallet

dimanche 1 mai 2016

Les lieux de sépulture dans le Belley d’hier


Gravure de Claude Chastillon (1547-1616).
Façade ouest de l’ancienne cathédrale de Belley. La porte d’entrée est face nord.
Le premier cimetière est contigu aux murs de cette façade ouest, ce qui est confirmé lors du creusement des fondations du clocher de la nouvelle cathédrale en 1835.
Le chanoine Robert écrit : « A huit pieds, une épaisse couche d’ossements humains et plusieurs cercueils de pierre révèle l’existence d’un ancien cimetière ».


« Jusque vers 1750 le cimetière occupait l’emplacement actuel place de la cathédrale, la rue Saint-Jean le bordait au couchant, l’église cathédrale et une partie de celle de Saint-Laurent au levant… ». Le Belley de nos pères, Marc de Seyssel, 1912.

Des travaux, il y a une vingtaine d’années, exhumèrent des ossements sur la droite de la place.
L’église paroissiale Saint-Laurent occupait la rue, nouvellement dénommée rue du Vieux Cloître, et avançait sur la place, construite, peut-être au XIIIe siècle. Elle fut détruite en 1793.
A l’intérieur de la cathédrale, des évêques : de Passelaigue, du Dousset, de Laurens ainsi que quelques notables y avaient leur sépulture. Ces sépultures furent vandalisées lors de la Révolution.

A l’origine, en 1142, les chanoines constituaient un ordre régulier et vivaient en communauté autour du cloître (place Popiélusko).
 « Les murailles contre lesquelles il était appuyé étaient couvertes de pierres tombales, le sol était également couvert de pierres tumulaires qui formaient le dallage et portaient des inscriptions, le cloître était consacré aux sépultures des chanoines, des prêtres et des bourgeois de la ville ». Chanoine Robert, manuscrit, 1835.

Le cloître fut démoli en 1822.
De même, les Cordeliers, ainsi que leurs bienfaiteurs laïques, étaient inhumés dans la chapelle et dans le cloître du couvent qui s’étendait de la rue de Bourgvieux (rue des Cordeliers à la rue de Savoie).


Chanoine Robert, manuscrit, vers 1835 


Plan napoléonien vers 1835
1-Cimetière devant la cathédrale (actuelle place de la cathédrale)
2-Cloître du chapitre (actuelle place Popiélusko)
3-Cimetière en 1675 (futur clos des Bernardines puis parc de la sous-préfecture)
4-Emplacement de l’église Saint-Laurent (actuelle rue du Vieux Cloître)
A noter la rue du Vieux Cimetière (rue de Savoie aujourd’hui)

«Ce cimetière (place de la cathédrale) fut détruit vers 1750 et transporté à peu près à l’intersection de la rue Ste-Marie et de la Grande Rue. L’emplacement était trop petit et trop rapproché des maisons» Le Belley de nos pères.

30 ans plus tard la Municipalité le déplace à la Bouvardière.
En 2016 on voit encore la rampe de fer qui longe le plan incliné qui permettait autrefois d’accéder au cimetière, aujourd’hui aux H.L.M.
Sur cette vue générale, le cimetière de La Bouvardière a déjà été délaissé pour l’actuel cimetière des Eplantaz.
Le transfert date de 1903.

1- Cimetière de La Bouvardière (Actuellement les HLM éponymes)
2- Terres agricoles (aujourd’hui immeubles Bel Air)
3- Route de Pierre-Châtel (avenue Brillat-Savarin)
4- Couvent de la visitation (parking derrière l’ex. l’école de la Vieille Porte)
5- Jeux de boules et avenue De Gaulle

Intérieur de la chapelle des Bernardines réformées, rue des Barons où, après un premier refus des autorités, fut inhumée la Mère Marie Victoire de Luyset, fondatrice de la congrégation.
Elle repose actuellement dans la chapelle mortuaire de la famille Seyssel à Musin.

Mausolée, route des Ecassaz, où sont inhumés Georges Girerd, bienfaiteur de Belley, ainsi que ses deux parents.
Deux pierres tombales rappellent ses grands-parents.

Jean-Claude Vallet

lundi 28 mars 2016

Belley : d'un collège à l'autre...




En 1881 on décide la construction d’une Ecole primaire supérieure préparant au Brevet élémentaire en trois ans et au Brevet supérieur. Ce sera « le Château », construit en …1898 !




Au premier plan : le Palais de justice. Le groupe scolaire se distingue par son importance.


À cette époque on porte l’uniforme. (1910)


Le Château servira de caserne pendant la guerre de 14-18.


1938 - Visite du Président Herriot pour le quarantenaire de l’établissement.


1941 - Création du Collège Moderne.


Parallèlement on crée une école d’agriculture.


Les ateliers « bois » et « fer ».

1945 : mixité. 
1953 : création d’une classe de seconde.
1954 : préparation au Bac 1e partie.

1960 : l’E.P.S. se sépare du collège





Le Château se dégrade. 
En 1964 une partie du plafond du réfectoire s'effondre. Les élèves prennent leur repas à la salle des fêtes de Belley. 
En novembre 1966, le Conseil municipal décide la construction d’un lycée neuf. 
Les travaux commencent en avril 1967.





Jean Michel Ferber et Christian Perrais.  

















































dimanche 21 février 2016

L’affaire Vacher



Le décès de l’acteur principal du film, Michel Galabru, a conduit ARTE à programmer « Le juge et l’assassin » de Bernard Tavernier qui s’inspire étroitement d’un drame survenu à la fin du XIXe dans notre Sud-Est : l'affaire Vacher.
Ces crimes horribles eurent pour cadre, entre autres, le Bugey.
Dans les documents de la bibliothèque d’ABIS nous avons consulté Le Progrès illustré de l’année 1896 qui permet de retracer, au travers de dessins, le parcours de Vacher.


Joseph Vacher est né en 1869 à Beaufort dans l’Isère.
A 18 ans il est renvoyé de l’établissement des frères maristes de Saint-Genis.
En 1890 il est incorporé dans l’armée à Besançon, il sera réformé avec le grade de sergent. Durant cette incorporation il a tiré au pistolet sur sa fiancée, s’est logé deux balles dans la tête et, après divers internements, il entreprend un long vagabondage dans le sud-est de la France.


Le 4 août 1897, Séraphin Champier, sa femme et leurs deux petits enfants, vont ramasser des pommes de pin dans les bois. Profitant de l’éloignement de l’homme, Vacher agresse l’épouse. Champier, avec l’aide des villageois de Champis (Ardèche) le capture, l’enferme et prévient les gendarmes de Saint-Péray.
Il est présenté au juge d’instruction de Tournon qui fait le rapprochement avec la commission rogatoire du juge de Belley délivré à la suite à un meurtre survenu à Bénonces, à quelques dizaines de kilomètres de Belley.


Le transfert à Belley passe par la prison Saint-Paul à Lyon, avec une tentative d’évasion qui explique la manière forte employée par les gendarmes.


Deux ans avant, le 31 août 1895, à Onglas, hameau de Bénonces, Victor Portalier, enfant de l’assistance, berger, est découvert assassiné et mutilé. Le signalement précis du présumé assassin est donné : il a été vu à Ordonnaz mais sa trace se perd à Villebois.




Le juge Fourquet, à Belley, étudiera 74 dossiers, mais ne retiendra que 11 crimes bien que Vacher en ait avoué 13.
A Corbonod, Alexandre Léger, jeune berger, reconnait formellement Vacher pour celui qui avait tenté une agression contre lui alors qu’il gardait les vaches à la ferme de Léaz.
Vacher tua à Saint-Ours en Savoie, Beaurepaire en Isère, Truinas dans la Drôme pour n’évoquer que les autres lieux proches du Bugey…
En 2016 aurait-il été jugé ou interné comme aliéné ?


Le procès d’assises se tiendra au palais de justice de Bourg-en-Bresse le 28 octobre 1898, Vacher sera condamné à mort et exécuté le 31 décembre sur le Champ de Mars comme l’avait été au début du siècle Sébastien Peytel.

Il s’agit d’une autre affaire criminelle qui secoua le Bugey et que nous évoquerons prochainement à partir des documents de la bibliothèque d’ABIS.


Jean-Claude Vallet