lundi 14 juillet 2014

Deux ouvrages sur Pierre-Châtel


Outre de nombreux articles parus dans la revue « Le Bugey », le site de Pierre-Châtel a fait l’objet de deux livres. 


« La chartreuse-forteresse de Pierre-Châtel et son fort de protection »
82 pages, François Dallemagne, 2009




Ouvrage dense d’une rigueur historique qui va à l’essentiel et retrace l’évolution de ce site exceptionnel : forteresse médiévale qui vit la création de l’ordre du Collier devenu ultérieurement l’Ordre de l’Annonciade (XIVe siècle), chartreuse de 1383 à la Révolution, prison d’Etat sous l’Empire retrouvant une vocation militaire à partir de 1814.


La dernière partie du livre est consacrée à Fort les Bancs, construit à partir de 1838, déclassé en 1889 parce que devenu inutile, abritant une unité du 133e RI jusqu’en 1921.
L’iconographie est d’une qualité rare : documents bien choisis et très lisibles, photographiques superbes de Georges Fessy.

«1 000 ans à Pierre-Châtel »
366 pages, Monique Dubois, 2007, réédition à 10 exemplaires.



Le même plan chronologique permet de pénétrer les détails de l’histoire. C’est une somme de tout ce qui a été publié sur Pierre-Châtel.
Tout est intéressant mais, peut-être parce qu’ils sont les mieux documentés et que les événements relatés nous sont plus proches, ce sont les chapitres consacrés à la prison d’Etat aux conditions d’incarcération des détenus (mémoire de l’abbé Fleury) aux sièges de 1814 et 1815 (conduite exemplaire du capitaine Garbé) qu’on lira avec le plus de facilité et de plaisir.



Jean-Michel Ferber

dimanche 6 juillet 2014

Récolte de la glace en Haut-Bugey



« Le lac de Sylans est situé à 584 m, 10 au dessus du niveau de la mer.
Il a seulement 497 000 mètres carrés et 4.772.000 mètres cubes de volume.
Quant à sa profondeur maxima, elle est de 22 m 20 »
Antoine RICHARD – Revue Le Bugey N° 1 – 1909


Parmi les plus importants "chantiers" de glace du XIXe s., il faut citer les glacières du lac de Sylans dans le Haut-Bugey, 
créées en 1865. 
Joachim Moinat, propriétaire du Café du Paradis à Nantua, eut l'idée d'utiliser pour ses clients la glace très pure qui recouvrait chaque hiver le lac de Sylans. 
En effet, cette pureté permettait la production d'une glace limpide prête à la consommation.

Les premiers bâtiments furent construits en bois à doubles parois séparées par une épaisseur d’un mètre de sciure.



En 1885, la Société des Glacières de Paris reprit l’affaire de Joachim Moinat. 
Des bâtiments aux murs épais furent construits et un embranchement les relia à la ligne PLM La Cluse-Bellegarde.


Les expéditions de glace se développèrent vers Paris, Lyon, Marseille, Toulon et même Alger. Pour accélérer les livraisons, on attelait les wagons aux trains de voyageurs. 
Chaque wagon transportait 10 tonnes de glace et était recouvert d'une toile de jute, puis de paille, et d'une bâche pour l'isolation. 
Les pertes n'étaient pas tellement importantes : sur 10 tonnes expédiées, 8 arrivaient à Paris. Vers 1880, la Société des Glacières de Paris fournissait en moyenne 300 000 tonnes par an.

La récolte de la glace occupait de nombreux agriculteurs de la région de décembre à mars-avril. 
Cette activité hivernale leur procurait un revenu complémentaire non négligeable.

                 

Quand l’épaisseur de la glace atteignait 15 cm, le signal indiquant l’ouverture du chantier était donné par un drapeau, hissé au sommet du plus haut bâtiment et par la sonnerie d’une corne de brume.


La méthode d'extraction de la glace obéissait à des techniques précises. 
Avec une charrue à trois socs tirée par des bœufs ou des chevaux, on creusait, sur toute la longueur du lac, un canal de 8 m de largeur pour acheminer les plaques de glace.


Des bandes de glace larges de 4 m étaient découpées, à l’aide de la charrue et débitées par les ouvriers avec des passe-partout et des haches. 
Les grands blocs de glace étaient ensuite dirigés par un homme muni d’une gaffe ou tire-pousse, vers l'une des 4 dragues qui se trouvaient le long du lac.


Une fois sortis de l'eau, les blocs étaient débités en morceaux de 1 m2 avant d'être évacués par un tapis roulant, actionné par une machine à vapeur et transportés automatiquement, jusqu’aux salles de stockage.


Les ouvriers saisonniers travaillaient 6 jours par semaine, du lever du jour à la tombée de la nuit. 
En 1880 leur nombre a pu atteindre 300. 
Un personnel permanent de 30 ouvriers s’occupait de l’entretien, du stockage et de l’expédition de la glace. 
Pendant la Première Guerre mondiale, les glacières fonctionnèrent au ralenti. 
La dernière récolte eut lieu en 1917.

            

Les glacières de Belley situées au bas du boulevard du Mail étaient alimentées par la glace de Sylans. 

Par Christian Perrais