mardi 15 novembre 2022

Un drame cruel : l'affaire Peytel


« Ici repose Félicité Thérèse ALCAZAR,
Morte le 1er Novembre 1838
A l’âge de 21 ans,
Victime du sort le plus cruel
Que cette pierre funèbre
Déposée sur sa tombe
Perdure les regrets de ceux
Qui connurent les excellentes
Qualités de son cœur
La douleur de sa famille »

Le double meurtre de La Toussaint

Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1838 ; sous un déluge glacial, à une lieue de Belley au lieu-dit «Pont d’Andert», sur la route de Mâcon à Belley, on retrouva les corps sans vie de ladite Félicité Alcazar, atteinte par un coup de pistolet, dans un champ au bord du Furan, et plus loin sur la route, celui de Louis Rey son domestique, le crâne fracassé à coups de marteau.

Félicité fut transportée dans le phaëton conduit par son mari Sébastien-Benoit Peytel à leur domicile à Belley, où le Dr Martel ne peut que constater le décès.


Doc. 2 Carte de H. Brunet (1839), dans Pierre-Antoine PERROD, L’affaire Peytel, Lib. Hachette, 1958. *

L’histoire débuta le 16 décembre 1837, dans un salon de la société de Belley, à laquelle l’avocat Anthelme Roselli-Mollet souhaitait présenter le jeune notaire Sébastien-Benoit Peytel, qui venait d’obtenir une charge à Belley.
Il y rencontra Félicité (Félicie) Alcazar , une jeune Créole née sur l’île de la Trinité en 1817, venue séjourner chez une parente.
Félicité n’était pas jolie, elle était myope et sans instruction mais le jeune notaire s’enflamma.

Juste après la conclusion du contrat de mariage, le 3 mai 1838, avec des témoins aussi prestigieux que Lamartine et Gavarni, le mariage eut lieu à Paris le 7 mai 1838.
Au retour du jeune ménage à Belley, fut embauché le domestique Louis Rey, lequel aurait partagé une certaine intimité avec la jeune Félicité. Déjà, une naissance s’annonçait lorsque le malheur s’abattit en cette nuit de la Toussaint.

L’autopsie du corps de Louis Rey avait confirmé l’acharnement avec lequel il avait été frappé et, le notaire ne niant pas avoir été l’auteur des coups, un premier interrogatoire eut lieu dès le 2 novembre à 8 ou 9h, sous la conduite du substitut au procureur.

A son issue, le juge d’instruction Roux délivra un mandat d’arrêt et Sébastien-Benoit Peytel fut conduit à la prison, alors située dans le bâtiment de l’ancien bailliage, au centre de la ville de Belley.
L’affaire Peytel commençait.
Malgré la virulente lettre de Balzac pour le défendre, il fut condamné à mort le 30 Août 1839 et exécuté le 28 novembre 1839 sur le champ de foire de Bourg, les recours en cassation puis en grâce ayant échoués.

Ouvrage à consulter dans les locaux d'ABIS, le vendredi de 14h à 16h.

France Fortunet

dimanche 3 juillet 2022

Soixante ans après...Hommage à Gaston Lavoille


Mercredi 18 mai 2022, le nom de Gaston Lavoille est donné à l’internat du Lycée du Bugey, sur le Promenoir. 

Le bâtiment, édifié sur l’emplacement du Collège moderne (qui avait succédé à l’E.P.S.) et dirigé depuis 1937 par « le Patron » Gaston Lavoille, avait été dénommé « le  Château » et fut démoli en 1969. 


C’est dans le couloir des classes du second cycle, dont la création revenait à Gaston Lavoille, qu’après sa mort, survenue en mai 1960, une plaque fut apposée pour attribuer son nom à ce passage.

A l’occasion de la cérémonie du Souvenir qui suit chaque année l’Assemblée générale des Anciens du Collège moderne, Lycée mixte de Belley et  Ecole d’Agriculture (créée également à l’initiative de Gaston Lavoille en 1941),   la plaque fut dévoilée par deux anciens élèves qui furent parmi les premiers à être présentés au baccalauréat par Gaston Lavoille : Melle Josette Lapérouze et M. Georges Peysson (compte- rendus dans Coq Bugiste, 30 juin 1961 et 7 juillet 1961)


Aucune gerbe ne fut alors déposée car, au même instant, l’opération avait lieu au cimetière d’Annecy-le-Vieux sur la tombe de Gaston Lavoille. 

Sa femme, ainsi que ses enfants et petits-enfants assistaient à la cérémonie. 

dimanche 10 avril 2022

Cimetière de Belley : éléments pour une enquête

Au cimetière des Eplantaz, 4ème division, 2ème section, N° 22 et 23, seuls deux noms sont inscrits sur le registre pour cet emplacement réservé pour les personnes exécutées, ceux de deux exécutés à Belley en janvier 1950 et février 1951.
Ce lieu, qualifié « d’austère emplacement où reposent les condamnés » lors de la première visite d’une délégation municipale au cimetière des Eplantaz, est aujourd’hui engazonné.
(R1 – le Coq Bugiste, 06/11/1964).
La décision ayant été prise de transférer le cimetière de Belley du lieu-dit La Bouvardière aux Eplantaz, il avait été décidé de l’enlèvement des monuments funéraires dans un délai d’un an.
(R2 – Le Coq Bugiste, 09/02/1962).

Il n’y a donc aucune trace de Jules Charlet et pas davantage de pierre tombale parmi celles qui ont été transférées depuis l’ancien cimetière. Or, si Jules Charlet a été condamné à mort par le 2ème Conseil de guerre de Lyon avec deux autres de ses compagnons, soupçonnés d’avoir tenté de fomenter une résistance au coup d’état du 2 décembre 1851, il fut le seul à être exécuté à Belley le 29 juin 1852.
(R3 – Entretien entre Charlet et l’abbé V. Marchal dans « Souvenirs d’un missionnaire–1874 »)

Condamné « selon la forme ordinaire des exécutions criminelles » et malgré le silence qui suivit ce jugement, la mémoire de Jules Charlet fut honorée par Victor Hugo en souhaitant voir s’élever « un universel cri d’horreur… » à l’encontre de « Napoléon le petit »(1852).
(R.4 - p. 154-155).

Trente plus tard, dans sa séance du 8 novembre 1891, le Conseil municipal de Belley, Charles Mante étant alors maire, prit enfin une décision réparatrice, ainsi qu’il est relaté :

« Le Conseil… vote en faveur de la réhabilitation de Charlet Jules, mort sur l’échafaud à Belley, suite à une erreur judiciaire en 1852 1° une concession perpétuelle de terrain dans le cimetière de Belley 2° une somme de 100 F consacrés à l’érection d’une pierre tombale sur le terrain concédé 3°une somme de 66,66 fr (le tiers de 200 F )qui sera versée dans la caisse de l’hospice par application du tarif des concessions perpétuelles …. »
(R 5 - registre des délibérations du Conseil municipal de Belley, A.D. Ain).

La délibération ne fut pas approuvée par le Ministre de l’Intérieur mais une souscription publique permit de financer le monument érigé (colonne brisée).

L’inauguration officielle eut lieu le 23 septembre 1892 ; le monument fut installé à côté de la tombe d’Anthelme Roselli-Mollet, nommé maire de Belley du 30 avril au 23 octobre 1848 et élu à l’Assemblée Législative le 13 avril 1849.
Lui aussi républicain et opposant au coup d’état bonapartiste, il fut proscrit en Belgique.

Toutes les références (R) correspondent à des documents conservés par ABIS et consultables.

France Fortunet

dimanche 20 mars 2022

L’archéologie dans l’Ain

1990 : première édition de la « Carte archéologique de la Gaule » consacrée au département de l’Ain, par André Buisson.

2017 : deuxième édition complétée suite à la création de l’INRAP (Institut National de Recherche Archéologique Préventive) en 2002, ce qui a permis de multiplier et professionnaliser les interventions.

Quelques sites remarquables :

Belley
2009 : fouilles des thermes de la rue des Ecassaz.
2014 : fouilles du site de la vieille porte.


Saint-Vulbas :
De 1994 à 2012, les fouilles ont permis la mise au jour d’une agglomération que l’on ignorait.

Briord
2002 : publication du cimetière des Plantées

Meximieux
1994 : découverte d’un ensemble de constructions.
2012 : trésor de 4969 monnaies d’imitation (IIIe siècle).

Izernore
2015 : reprise des fouilles du temple.
Les notices de synthèse se sont considérablement enrichies.

Un ouvrage de grande qualité en consultation à ABIS, le vendredi après-midi ou sur rendez-vous, Maison Saint-Anthelme à Belley.