dimanche 24 janvier 2016

Pierre BEARD 1893-1966



Pierre Henri Marie BÉARD est né à Cressin-Rochefort (près de Belley) le 2 avril 1893. Il fait ses études à l’E.P.S. de Belley. C'est en assistant à un meeting aérien à Bron qu’il décide de devenir aviateur…
Il entre à l’Ecole Blériot d’Etampes en 1910. Le 8 novembre il obtient son brevet de pilote (N°276) : à 17 ans, il est le plus jeune aviateur de France.


Pierre Béard achète un avion et entre 1911 et 1912, il participe à de nombreux meetings en France et en Suisse.


Les débuts des aéroplanes attisent la curiosité des foules. On organise un peu partout en France des meetings et des "journées d’aviation".


Le 18 août 1912, au-dessus des prés de Lavours, le jeune pilote exécute quelques passages et en profite pour survoler son village natal de Cressin-Rochefort.


Lors d’un meeting dans le Gers en 1912, une admiratrice écrit :
"Chère Suzanne, hier nous avions les fêtes d’aviation à Eauzes nous y sommes allées il a très bien volé il a fait deux vols magnifiques le premier vol il est resté 18 mn en l’air le second 25 mn. Il y avait beaucoup de monde il a fait une belle journée le camp d’aviation est à Labarthe sur la route de Manciet a 3 k d’Eauze. L’aviateur est tout jeune il a 19 ans il a eu son brevet de pilote à 17 ans." 


Malheureusement les accidents sont assez fréquents dans ce genre d’exhibition.
Le 8 septembre 1912 lors d’un meeting à Gray (Haute-Saône), Béard rate son décollage et termine sa course dans la foule.


L’accident fait quatre morts tués par l'hélice de l'appareil et plusieurs blessés. 
Le malheureux Béard, qui n'était que légèrement blessé, se sauve comme un fou à travers la campagne. Quand on le retrouve, hagard, choqué et sanglotant, il déclare qu'il n'a pas pu couper l'allumage de son appareil.
Il sera hanté toute sa vie par ce drame.


Une stèle est érigée à la mémoire des victimes de l’accident : Céline Neveu, 43 ans, de Gray, Marie-Louise Neveu, 23 ans, de Gray, Paul Macheret, 43 ans, de Saulles, Marie Bouchard, 68 ans, de Vadans.


Belley, La Fulie 7 septembre 1913 : un meeting est organisé entre la route d’Arbignieu et le coteau de Tournod.
Une ovation formidable accompagne le décollage de l’avion.
A basse altitude, Béard survole la place des Terreaux, le Promenoir, l’E.P.S., son ancienne école. Après quelques passages au-dessus de 6000 curieux, il se pose au milieu de la foule enthousiaste.

Une heure plus tard il est accueilli à la Mairie de Belley où il reçoit les félicitations de la municipalité. La fête se poursuit tard dans la nuit …


En 1914, Pierre Béard est l’un des premiers à passer son brevet militaire qu’il obtient le 2 août sous le numéro 488.
Il est affecté à une escadrille saharienne de Tunis puis au front de 1915 à 1916.
Il passe successivement aux escadrilles d’Orient, de Venise et du Maroc avant d’être démobilisé en 1939 avec 2500 heures de vol.


Il se retire sur une île du Rhône près de Cressin-Rochefort.
Ses voisins le surnomment Le Roi des Iles. Il passe son temps entre la pêche et ses visiteurs. En 1940, il cache Emile Brémond, directeur du Progrès, recherché par la Gestapo.


Médaillé militaire, médaillé de l’aéronautique, membre du groupement Antoine de Saint-Exupéry sous le n° 10 en date du 13 mars 1946, Pierre Beard décède le 9 juin 1966.
Il est inhumé à Cressin avec tous les honneurs : le drapeau tricolore couvre son cercueil, la plupart des Vieilles Tiges* sont présentes et un avion du Progrès survole le cimetière … 

*les vieilles Tiges : association amicale de pionniers, pilotes et amis de l'aviation, fondée le 20 novembre 1920, reconnue d'utilité publique par décret du 24 août 1926 


Chistian Perrais


samedi 2 janvier 2016

Les bacs à traille du Haut-Rhône

Au XVème siècle, on nomme « port » tout lieu où on peut traverser le Rhône en barque ou en bac.
À l’époque, on compte entre Seyssel et Lyon 43 ports pour 150 Km, dont 17 trailles, une tous les 9 km.(D’après J. Rossiaud : "le Rhône au moyen-âge").

La traille est une grosse corde de 150 à 250 mètres pesant de 7 à 18 quintaux. Elle dure deux ans. On la baisse au passage des convois.

Le traillon est relié à la traille par une « grenouille » (deux poulies solidarisées par une chape).

Placé à bâbord ou à tribord, le traillon permet de donner au bateau une obliquité par rapport au courant et une force motrice.

Exhumation de la plate Bourgey à Saint-Benoît en 2009

En 1940, l’armée française ayant détruit les ponts, les bacs à traille furent rétablis.

Ici sur la commune de Brens, le bac de Chantemerle.

Jean-Michel FERBER

Voir aussi :

  • Les bacs à traille du Bugey
  • André Juillard : "Haut-Rhône – l’empreinte ancestrale d’un fleuve" (2012)