dimanche 9 juillet 2023

Grace Nichols Whitney Hoff

 Américaine philanthrope, engagée pour la cause des femmes, décorée des palmes académiques et de la légion d'honneur.

La soie de cette robe fut tissée par des paysannes des environs de Peyrieu, en hommage à Mme Hoff


Grace Whitney nait le 22 octobre 1862 à Détroit.
Son père, David Whitney est un homme d’affaires qui a fait fortune dans le commerce du bois et de la navigation commerciale.
Les Whitney étaient à l’origine des Français qui s'étaient établis en Angleterre à la suite de Guillaume le Conquérant avant d’émigrer aux Etats-Unis.
Sa mère, Flora Ann Mclaughlin, douée d’une forte personnalité, acquit « l’essence pure de la religion ».
De ses parents, Grace hérite de hautes qualités morales et physiques et achève brillamment ses études par sa graduation.

La rencontre avec sa professeure, Miss Ella Liggett, éveille en elle le sentiment du sérieux, de la sainteté et du « service » dû par les privilégiés de l’existence.
De ses jours de communion intellectuelle, date cette passion, fondée sur le sentiment que « noblesse oblige ».

A 18 ans, elle rencontre John Everett Evans qu’elle épouse en 1881.
Ce mariage lui apporte la maturité nécessaire pour faire que la religion, base de son éducation devienne la force « conductrice » de sa vie.
Dès cette période, le devoir chrétien la voue à des œuvres philanthropiques.

La première à laquelle elle prend part est « La Thompson Home » foyer charitable pour femmes âgées, puis elle s’intéresse à la « Société d’Arts décoratifs et d’Echange féminin de Détroit » qui vient en aide aux femmes ayant subi des revers de fortune.

Sept années s’écoulent ainsi et en 1888 nait leur fille Elaine .
Mais en 1890 John décède.

A Détroit, l’embryon des œuvres de Grace commence à être connu, et sa popularité reconnue.
Une organisation, la Y.W.C.A (Young Women Christian Associations), fondée sur l’intérêt du bien vivre des femmes lui en propose la présidence. Elle va alors se dévouer à cette cause tout en s’occupant toujours des premières associations auxquelles elle apporte ses compétences et sa générosité.

Bien que de plus en plus sollicitée, elle annonce à son père l’existence d’un compagnon rencontré quelques années auparavant à Paris.

John Jacob Hoff est né à New York.
A l’âge de 22 ans, il quitte Les Etats-Unis et s’associe aux destinées de la Satndard oil, en France. 
Il entre dans la famille des Whitney en épousant Grace.
En avril 1900 le bateau « Le Kaiser Wilhem der Gross » quitte le port de New York, emportant les nouveaux mariés vers la France.

A Paris, elle fait des rencontres, continue son œuvre auprès de diverses associations.
Elle apprend la France, sa langue, son histoire, ses coutumes, pour mieux la connaître.

Elle comprend les difficultés de s’installer à Paris, de trouver un logement, un point d’accueil convenable pour réaliser leurs études, pour toutes ces jeunes femmes, qu’elles soient dans un premier temps anglaises ou américaines puis d’autres nationalités.
Grande protectrice des isolées, elle s’engage dans la recherche d’un lieu pour elles.

Ce sera sur le Boulevard St Michel, une maison assez vaste faisant face au jardin du Luxembourg, apportant le confort grâce à la qualité d’aménagement des appartements.
En 1906, le « Student Hostel » est inauguré .
Quelques années plus tard, il sera reconstruit par l’architecte Charly Knight et deviendra le «Foyer International des Etudiantes ».
Madame Hoff en fera don en 1936 à l’Université de Paris.

M. et Mme HOFF se mettent en quête d’un lieu de repos à la campagne.

En 1909, ils louent dans un premier temps le château de Bréau en Seine et Marne, où ils reçoivent chaleureusement et généreusement des étudiantes. Puis apprenant la vente d’un château, qu’ils avaient admiré dans l’Ain, à Peyrieu, ils acquièrent finalement ces deux propriétés qui nécessitent beaucoup de travaux.





La renaissance du château de Peyrieu est une source de joie pour les nouveaux propriétaires.
Les appartements sont magnifiquement décorés, le hall d’entrée style cloître, expose les larges vitrines d’une extraordinaire bibliothèque.





En cet historique castel, on se laisse prendre aux rêves dans les jardins.


L’accueil d’un flot constant de visiteurs de marque, fait de Peyrieu, un lieu de rencontres inoubliables.




1914 : la guerre éclate

Ils transforment leur lieu de vie, pour les réfugiés et les blessés.
Reconnaissant, le 133e régiment d’infanterie fera de Mme Hoff sa marraine.

Malgré la guerre elle n’abandonnera pas son quartier général de Peyrieu.
John Jacob Hoff est, quant à lui, parfaitement impliqué dans les œuvres de son épouse.
Chaque semaine, il prend le train pour Lyon et attend sa correspondance pour Paris.

Un jour, sur le quai, il croise une ménagère modeste, avenante petite femme, qui interpelle les soldats :
« venez, ici, on ne paie pas ».
Elle offre boissons chaudes et réconfort, très tôt le matin et tous les jours, fidèle à son petit coin improvisé, cafetières bouillantes et pots de chocolat. L’après midi, elle quémande ici et là en ville.

M. Hoff touché, prend grand intérêt à l’œuvre généreuse de cette femme surnommée « l’ange de Lyon ». Il dépose à chaque passage, pièces, puis billets, dans un « quart en fer blanc » placé là discrètement pour les oboles.

Il présente alors cette personne au maire de la ville, qui par la suite, lui fera installer un kiosque, avec une banderole sur laquelle on peut lire :
« Déjeuner gratis pour les soldats œuvre de Mme Bizolon ».




M. Hoff fait part à son épouse de l’effort de cette personne.
Celle-ci prend contact rapidement avec ses relations et obtient des dons pour lui venir en aide.
Le dévouement de Mme Bizolon, dans sa simplicité mérite reconnaissance et un commentaire dans ce texte.
Elle sera décorée, notamment de la légion d’honneur.
Elle fera don à M. Hoff du quart en fer blanc et de son couteau.

1918 : La fin de la guerre

Mme Hoff va ouvrir à Peyrieu :
- une maison de repos appelée « Chanut » pour veuves de guerre et leurs filles.




- Un foyer pour étudiantes de toutes nationalités et religions, « Au Moulin », dont Mme Bizolon, en visite, sera la première pensionnaire. 
- Elle fera restaurer l'école communale .
- Le 23 novembre 1919 est inauguré, grâce à sa générosité le premier monuments aux morts de France à Peyrieu.



- Des maisons à colombages.

Autres œuvres :
- Crèche gratuite à Hiroshima Japon
- Solarium à Aix les bains etc...

Elle aura 4 petits-enfants suite au mariage de sa fille Elaine avec M. Albert Labouchère.

La Ville de Belley donnera son nom à une avenue.


 
M. et Mme Hoff, lors de l'inauguration du monument aux morts, à Peyrieu



Sources :

PATCH Carolyn, La vie rayonnante de Grace Whitney Hoff, COULOUMA Argenteuil.1934
Revue le Bugey N° 86

Richesses touristiques et archéologiques des communes rurales du canton de Belley
Ch. D