Ce lieu, qualifié « d’austère emplacement où reposent les condamnés » lors de la première visite d’une délégation municipale au cimetière des Eplantaz, est aujourd’hui engazonné.
(R1 – le Coq Bugiste, 06/11/1964). La décision ayant été prise de transférer le cimetière de Belley du lieu-dit La Bouvardière aux Eplantaz, il avait été décidé de l’enlèvement des monuments funéraires dans un délai d’un an.
(R2 – Le Coq Bugiste, 09/02/1962).
Il n’y a donc aucune trace de Jules Charlet et pas davantage de pierre tombale parmi celles qui ont été transférées depuis l’ancien cimetière.
Or, si Jules Charlet a été condamné à mort par le 2ème Conseil de guerre de Lyon avec deux autres de ses compagnons, soupçonnés d’avoir tenté de fomenter une résistance au coup d’état du 2 décembre 1851, il fut le seul à être exécuté à Belley le 29 juin 1852.
(R3 – Entretien entre Charlet et l’abbé V. Marchal dans « Souvenirs d’un missionnaire–1874 »)
Condamné « selon la forme ordinaire des exécutions criminelles » et malgré le silence qui suivit ce jugement, la mémoire de Jules Charlet fut honorée par Victor Hugo en souhaitant voir s’élever « un universel cri d’horreur… » à l’encontre de « Napoléon le petit »(1852).
(R.4 - p. 154-155).
Trente plus tard, dans sa séance du 8 novembre 1891, le Conseil municipal de Belley, Charles Mante étant alors maire, prit enfin une décision réparatrice, ainsi qu’il est relaté :
« Le Conseil… vote en faveur de la réhabilitation de Charlet Jules, mort sur l’échafaud à Belley, suite à une erreur judiciaire en 1852
1° une concession perpétuelle de terrain dans le cimetière de Belley
2° une somme de 100 F consacrés à l’érection d’une pierre tombale sur le terrain concédé
3°une somme de 66,66 fr (le tiers de 200 F )qui sera versée dans la caisse de l’hospice par application du tarif des concessions perpétuelles …. »
(R 5 - registre des délibérations du Conseil municipal de Belley, A.D. Ain).
La délibération ne fut pas approuvée par le Ministre de l’Intérieur mais une souscription publique permit de financer le monument érigé (colonne brisée).
L’inauguration officielle eut lieu le 23 septembre 1892 ; le monument fut installé à côté de la tombe d’Anthelme Roselli-Mollet, nommé maire de Belley du 30 avril au 23 octobre 1848 et élu à l’Assemblée Législative le 13 avril 1849.
Lui aussi républicain et opposant au coup d’état bonapartiste, il fut proscrit en Belgique.
Toutes les références (R) correspondent à des documents conservés par ABIS et consultables.
France Fortunet
Merci pour cet article.
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